Caractéristiques des véhicules

Entre 2013 et 2023, la masse moyennes  a augmenté de 10 % pour les voitures privées et de 17 % pour les voitures nouvellement immatriculées par une entreprise en Région de Bruxelles Capitale. Ces dernières sont en outre beaucoup plus lourdes (1.711 kg) que les nouvelles voitures privées (1.463 kg). Comme la part relative des voitures immatriculées par une entreprise a augmenté au cours de cette période, la masse moyenne des voitures nouvellement immatriculées en RBC a augmenté de 17 % entre 2013 et 2023 pour atteindre 1.681 kg. Cette tendance n’est pas spécifique à la Région bruxelloise. En effet, le poids des voitures a fortement augmenté en Belgique et cette augmentation au niveau nationale dépasse même la moyenne européenne. Les véhicules détenus à titre privé par les ménages bruxellois sont beaucoup moins lourds que les voitures de société. En effet seuls 15,6 % du parc privé pèse plus de 1.600 kg alors que ce taux atteint 41,5 % pour le parc des voitures de société.

Les voitures de société constituent un avantage extralégal dont bénéficient surtout les ménages aux indices socio-économiques (très) élevés, comme le montre la carte dela  distribution par secteur statistique du poids moyen des voitures détenues par les Bruxellois. Celle-ci fait ressortir la périphérie sud-est où les indices socio-économiques sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs en Région bruxelloise et où habitent la majorité des ménages disposant d’une voiture de société. Le nord-ouest de la Région présente également des valeurs élevées quoique non maximales. Il s’agit de quartiers où le nombre de ménages avec enfant(s) est plus élevé que la moyenne régionale et où les ménages motorisés sont plus souvent des ménages avec enfant(s). En effet, les couples avec enfants ont des voitures plus lourdes que les autres types de ménage.

Sur la base d’une analyse statistique concernant l’ensemble de la Belgique, Vias a récemment démontré que les voitures plus lourdes, plus hautes et plus puissantes induisent une sécurité « à deux vitesses ». Alors que la probabilité d’être grièvement blessé ou tué diminue pour les occupants d'un véhicule plus lourd, cette même probabilité augmente pour les opposants, qu’ils soient usagers vulnérables (piétons, cyclistes, motards) ou occupants d’une voiture plus petite. Bruxelles Mobilité a répliqué l’analyse de Vias pour les accidents survenus en Région bruxelloise entre 2021 et 2022. Il apparaît que, même dans un contexte urbanisé où la limitation à 30 km/h est de rigueur sur une grande majorité du réseau routier, le poids des véhicules est un facteur important au niveau de l’accidentologie. Pour les occupants du véhicule opposant, les effets s’avèrent même plus importants dans la Région de Bruxelles-Capitale que pour la Belgique dans son entièreté. L’alourdissement des véhicules compromet donc l'objectif de réduire à zéro le nombre de tués et blessés graves à Bruxelles d’ici 2030.

Les voitures prennent de plus de place dans l’espace public. Les nouvelles voitures immatriculées en Belgique depuis 2018 dépassent en moyenne les 180 cm de large (sans les rétroviseurs). Les véhicules de ce gabarit sont incompatibles avec les dimensions de bon nombre de places de stationnement que ce soit en voirie ou hors voirie.

La Région de Bruxelles-Capitale connaît également une augmentation constante de la part de SUV. En 2023, plus de la moitié des nouvelles immatriculations étaient des SUV, soit 33.818 au total. Le nombre de SUV d'occasion immatriculés est également en augmentation ; il était de plus de 10.000 (19,5%) en 2023. L'évolution de la part des SUV dans les nouvelles immatriculations varie peu selon le propriétaire. Il y a cependant une grande différence en ce qui concerne la part des SUV dans la flotte bruxelloise totale : elle s’élève à 18,4 % pour les voitures privées, 44,2 % pour les voitures en leasing et 32,7 % pour les voitures immatriculées par d’autres entreprises de l'UE et sont plus chères, plus puissantes, plus grandes et plus lourdes que dans les pays voisins. 

La motorisation électrique en elle-même n’explique qu’en partie l’alourdissement du parc automobile bruxellois. C’est aussi dû au fait que ce sont surtout les segments haut de gamme du marché automobile qui sont électrifiés. Cette situation impacte doublement la masse des voitures : d'une part, ces modèles sont plus lourds en soi et, d'autre part, ils ont des batteries plus lourdes (autour de 500 kg) pour compenser une consommation d'énergie plus élevée et pour assurer une plus grande autonomie. 

Le contexte fiscal belge qui favorise les voitures de société sans faire de distinction entre les modèles explique pourquoi les voitures électriques nouvellement immatriculées en Belgique sont en moyenne 14 % plus lourdes que la moyenne de l'UE et sont plus chères, plus puissantes, plus grandes et plus lourdes que dans les pays voisins